Ski alpin : Les projecteurs provoquent le plus grand drame – Sport

Ce fut le moment le plus spectaculaire de ce spectacle nocturne : Le skieur Hannes Zingerle, originaire du Tyrol du Sud, était en train de réaliser son meilleur temps et n’avait plus que trois piquets de bascule devant lui. C’est alors qu’il a perdu le rythme des virages à cause de la vitesse, a mis ses skis de slalom géant en travers avant la dernière porte et s’est envolé de là comme une étoile filante vers l’arrivée. Oui, à l’arrivée, c’est ça. Plus précisément, équipé d’un seul ski, il a heurté de plein fouet le bord de la ligne d’arrivée, un matériau heureusement souple comme du beurre, que Zingerle a traversé avant de se retrouver allongé sur la pente d’arrivée, les yeux rivés sur l’écran. Meilleur temps.

On attribue volontiers une aura mélodramatique aux compétitions sportives nocturnes. On le constate dans le football, par exemple lorsque l’hymne de la Ligue des champions résonne dans le stade avant le coup d’envoi. Et c’est au moins aussi vrai dans les sports alpins. Les nuits de Schladming ont laissé des traces encore plus visibles. Pour la première fois de son histoire, le site de la Coupe du monde en Styrie a organisé un double événement : Mardi slalom, mercredi slalom géant. Et l’acte un a commencé par un élément tragique : le meilleur skieur allemand Linus Straßer, vainqueur l’année dernière, a été éliminé à la porte deux. On a pu constater une fois de plus que Schladming a tendance à vivre des drames sous les projecteurs.

Sur le « Planai », la montagne locale de Schladming, l’acte deux a d’abord encore été consacré à la question de savoir qui allait y remporter la première édition du slalom géant. L’Allemand Alexander Schmid aurait aimé participer activement à la décision, mais après avoir terminé septième de la première manche, il a franchi la ligne d’arrivée en neuvième position, sans la percuter. L’Autrichien Marco Schwarz a fait beaucoup de bruit en franchissant la ligne d’arrivée après une performance sans glisse sur la piste de glace de Schladming. Il a dépassé onze concurrents de la première manche. Mais ensuite, Gino Caviezel et le vainqueur Loïc Meillard ont battu son temps total. Deux Suisses qui ont fait exploser la fête à domicile des Autrichiens. Et Zingerle, le crasher de l’arrivée ? La FIS a effectivement évalué sa course : avec le troisième meilleur temps, l’Italien est passé de la 26e à la 14e place. Il a été l’homme du plus grand bond en avant – et de l’interlude le plus dramatique.

Plus tard, dans l’aire d’arrivée et encore plus tard dans la nuit de Schladming, il a été question avant tout de questions d’avenir. Devant les micros et dans les vallées, on a réfléchi à haute voix à la possibilité d’établir à l’avenir le double coup nocturne de Schladming. La première était due au fait que le slalom géant de Garmisch, qui avait été annulé, a été rattrapé ici. « C’est quelque chose de très spécial et qui donne envie de continuer », a déclaré Alexander Schmid d’Oberstdorf. « Il peut y avoir plus de courses nocturnes si je le souhaite ». Son deuxième argument : l’équité. « Avec les projecteurs, c’est tout simplement mieux de skier, et tout le monde a la même visibilité », a déclaré le skieur de 28 ans. Même si, comme il l’a encore dit, « tout cela est difficile à justifier dans un contexte de crise énergétique ».

La combinaison de la neige artificielle et de la lumière artificielle devrait encore faire l’objet de discussions. Mais à Schladming, ils avaient effectivement de la neige naturelle à disposition, il en était presque trop tombé du ciel. Tout était prêt, notamment avec trois bouteilles à 9900 euros au « Platzhirsch », juste à côté du stade d’arrivée. C’est ainsi que la fête est revenue en ville après deux ans de pause. Mardi, 40 000 personnes ont envahi Schladming, passant du fan mile à l’arène ou à la pente, les canettes de bière, les petits drapeaux et les bouteilles de champagne bordant les ruelles de la ville. On a pu voir Toni Polster, Maria Höfl-Riesch en violet vif, Renate Götschl et Hannes Ringlstetter. Le mercredi, pour la deuxième partie de Schladming, convoquée de manière assez spontanée, la plupart des célébrités étaient parties. 7000 visiteurs sont encore venus pour regarder. C’est comme si Schladming était en train de digérer l’intense soirée de la veille.

Après Garmisch, la Carinthie fait part de son intérêt

Flachau et Zagreb pour les femmes, Madonna di Campiglio et Schladming pour les hommes – tels étaient jusqu’à récemment les sites classiques pour les événements nocturnes en ski, avec chacun une course de slalom. Est-il possible d’en accueillir davantage ? C’est la question qui se posera si Schladming fait effectivement de l’autopromotion pour une répétition de la deuxième course. Le quadruple vainqueur de Schladming Benjamin Reich, qui travaille désormais comme expert pour l’ORF, a déjà fait une déclaration. « Un slalom géant à Schladming devrait être l’objectif permanent », déclare-t-il dans la revue autrichienne « Ries ». Kronenzeitung le journal étant le sponsor de l’événement. Ou justement : des événements.

A Schladming, les billets auraient notamment été mis sur le marché pour des montants à trois chiffres. Selon l’ORF, la course de nuit y figure depuis 14 ans parmi les dix émissions les plus regardées, en 2018 et 2019, 1,8 million de personnes ont regardé la deuxième course. Ils connaissent peut-être ces chiffres à Garmisch, où a eu lieu cette année la première édition du slalom nocturne. Ou en Carinthie, où la fédération régionale de ski veut organiser pour la première fois un spectacle de slalom à Bad Kleinkirchheim en 2024. Le Carinthien Franz Klammer fêtera bientôt ses 70 ans et il est prévu d’organiser des courses en son honneur sous les projecteurs.