Candidature avec filet de sécurité ?

Le SPD de Hesse veut présenter la ministre fédérale de l’Intérieur comme tête de liste. Pour Faeser, le risque est presque nul, un « scénario Röttgen » ne se produira guère. Mais une victoire serait aussi un problème pour le chancelier.

La candidature de Nancy Faeser au poste de ministre-présidente du Land de Hesse est une de ces histoires qui sont souvent discutées par la fin dans le Berlin politique. « Que se passe-t-il si vous perdez ? », telle devrait être la question fréquemment posée à la ministre fédérale de l’Intérieur dans les jours à venir. Et Faeser répondra alors probablement toujours qu’elle fait une offre claire et qu’elle brigue le poste de ministre-président auprès des Hessoises et des Hessois. Elle ne se considère pas comme un leader de l’opposition.

Moritz Rödle

Candidature à risque

C’est donc clair : soit Faeser sort victorieuse des élections régionales, soit elle reste à Berlin et devient ministre de l’Intérieur. « Pour cela, j’ai le soutien total du chancelier », a-t-elle déclaré jeudi soir.

Mais cette candidature reste un risque. L’exemple de Norbert Röttgen est régulièrement cité. Celui-ci voulait devenir ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à partir de son poste de ministre fédéral de l’Environnement. Le plan a échoué. Röttgen a perdu et a ensuite été limogé par la chancelière, également sous la pression de l’opinion publique.

Faeser et Röttgen ne sont pas comparables

Les cas ne sont pourtant pas tout à fait comparables. A l’époque, on prêtait à Röttgen l’objectif ambitieux que le poste à la chancellerie d’Etat à Düsseldorf ne soit qu’une étape intermédiaire sur le chemin de la chancellerie. Mais pour cette idée, Röttgen n’avait ni le soutien de son parti, ni celui de la présidente du parti et chancelière de l’époque, Angela Merkel. Et sans le soutien de ses propres rangs, il est difficile de rester en poste en cas de critiques.

Avec Faeser, la situation est différente. Le parti et le chancelier fédéral soutiennent la décision. A l’heure actuelle, il en sera toujours ainsi. Cela s’explique aussi par le fait que le chancelier fédéral n’a probablement que peu d’intérêt à devoir à nouveau pourvoir un portefeuille important après la démission de Christine Lambrecht de son poste de ministre de la Défense. Surtout s’il ne parvient pas à convaincre une nouvelle ministre-présidente.

En cas de victoire aux élections, le chancelier aurait un problème. Ainsi, Faeser profite également du fait que les candidatures féminines au poste de ministre de l’Intérieur doivent être cherchées à la loupe au sein du SPD.

Scholz avait déjà un problème avec Lambrecht

Il est clair qu’après qu’Olaf Scholz a renoncé à la parité pour le changement au ministère de la Défense, un éventuel successeur devrait en tout cas être une femme. En outre, il est de tradition au ministère que le ou la chef soit juriste de formation. Seul Horst Seehofer n’avait autrefois pas rempli ce critère. La présidente du parti Saskia Esken, par exemple, ne serait donc pas candidate. Mais il n’est pas certain qu’elle veuille vraiment ce poste.

Il en va probablement de même pour elle que pour Lars Klingbeil en tant que possible ministre de la Défense. Au sein du SPD, on estime que les deux présidents du parti ne devraient pas se retrouver dans la discipline du cabinet sous un chancelier. On chercherait donc une juriste profilée avec de l’expérience dans la direction d’une grande administration.

Il est peu probable que Scholz ait déjà parlé à des candidates. Même pour la succession de Lambrecht, Boris Pistorius n’a été sollicité qu’à la toute fin. La crainte est trop grande à la chancellerie que des noms soient discutés publiquement trop tôt. D’autant plus que l’on ne sait pas encore s’il faudra une remplaçante.

« Le ministère fédéral de l’Intérieur n’est pas un travail à temps partiel ».

Le cas Faeser pèse déjà sur l’ambiance au sein de la coalition Ampel. Les Verts en particulier se demandent si Faeser pourra mener de front campagne électorale et exercice de ses fonctions. Le député vert Konstantin von Notz a tweeté : « La direction du ministère fédéral de l’Intérieur n’est pas un travail à temps partiel. Surtout pas par les temps qui courent ».

Au sein du SPD, on voit bien sûr les choses différemment. Le chancelier Scholz a déclaré aujourd’hui que Faeser était une femme formidable qui avait grandi en Hesse et que chaque Hessoise et chaque Hessois souhaiterait « avoir une telle femme ».

Le soutien vient également du FDP. Le ministre fédéral de la Justice Marco Buschmann écrit dans un tweet. « Ma collègue Nancy Faeser se présente à une élection. Sans personnes qui se présentent aux élections, il n’y a pas de sélection et pas de démocratie ». C’est pourquoi il ne faut pas critiquer sa candidature. Ceux qui craignent que d’autres choses soient laissées de côté devraient les nommer concrètement et critiquer sur le fond.

C’est ce qui comptera en fin de compte pour Faeser. Elle doit faire campagne sans risquer de se voir reprocher un manque d’exercice de la fonction. Pour cela, il est également nécessaire de séparer strictement les rendez-vous ministériels des rendez-vous électoraux et de ne pas utiliser les ressources de la fonction. En d’autres termes, le service de vol est tabou lorsque Faeser se rendra en Hesse.